Poutine: I want my Empire back!

Le jour du « référendum » en Crimée, ma télévision favorie Rossiya 24 a diffusé à plusieurs reprises un document présenté comme une « lettre ouverte » d’Andreï Avramienko, habitant de l’une des grandes villes ukrainiennes, Kharkiv. On a pu voir la lettre à l’écran, mais floutée, donc il fallait croire le journaliste russe qui la lisait sur parole. Les médias russes ont attribué à ce document une importance démesurée, on va voir pourquoi. 

La première moitié de la lettre ressemble à un habile sabotage politique antipoutinien, qui n’en n’est pas un. Elle contient une description détaillée d’un détestable système, où la classe politique s’entend avec les oligarques pour voler le peuple ensemble et pour le faire payer leurs yachts, palais, bijoux, limousines, voyages, etc. « Allons-nous mourir pour leurs yachts ? », demande Andreï Avramienko. Certes, la lettre parle de l’Ukraine, mais tout le monde sait que celle-ci avait reproduit le modèle en vigueur en Russie, variante du modèle soviétique, basé sur la corruption et sur l’impunité de la caste au pouvoir. Poutine restait tranquille tant que son modèle était suivi à la lettre. Il a pris peur et s’est mis en colère quand il a vu de ses propres yeux qu’un système calqué sur le sien pouvait s’écrouler en quelques semaines sous les coups d’un peuple en rébellion. Dès cet instant, la sentence était irrévocable : la révolution ukrainienne devait être matée par tous les moyens et à tout prix, pour ne pas donner d’idées au peuple russe. Celui-ci devait apprendre très rapidement que tout comportement semblable allait être immédiatement qualifié de « fasciste » et combattu en tant que tel, avec la plus grande sévérité.

Toutefois, la deuxième moitié de la lettre dissipe toute impression d’allusions antipoutiniennes. On passe à un discours franchement délirant sur la grande Russie. L’Ukraine, explique Andreï Avramienko, est petite et faible, elle n’a jamais donné au monde d’hommes aussi grands que ceux originaires de la Russie, alors pour garder le moral il vaut mieux rejoindre la Russie, qui, il y a encore peu de temps, « faisait peur à tout le monde ». En guise de conclusion, Avramienko déclare : « Je suis un vrai patriote ukrainien, je suis un Russe ».

On comprend malheureusement trop bien pourquoi cette lettre précise a été tellement mise en valeur à la télévision russe. Elle est l’un des éléments qui préparent l’opinion publique à l’invasion, ou au moins à une déstabilisation permanente de l’Ukraine, qui, pour la propagande russe, est un pays peuplé de gens qui, même quand ils sont des patriotes ukrainiens, sont quand même Russes, et donc leur pays est, logiquement, russe aussi. On ne peut donc pas s’étonner de voir l’Etat russe tout se permettre dans un pays qui est russe. CQFD.

Vision confirmée explicitement dans un long discours de Vladimir Poutine, où il a de nouveau exprimé sa nostalgie de l’Union soviétique. Pays où, selon Poutine, tout le monde vivait heureux, dans une harmonie multiculturelle et multilingue, ruinée par « la dislocation malheureuse » de l’URSS. Il oublie juste un petit détail : que cette dislocation est survenue justement parce que plusieurs peuples qui composaient l’Union soviétique ne se sentaient pas à l’aise avec les Russes et préféraient profiter de l’occasion historique pour s’en séparer et fonder des Etats indépendants, comme l’Ukraine.

Poutine semble franchement ne rien comprendre de la situation, ou ne pas vouloir la comprendre. Il reste enfermé dans sa bulle ultranationaliste et impérialiste. Il se comporte comme si la satisfaction des Russes rendait automatiquement heureux tous les peuples qu’ils retiennent et dominent. Que ces peuples ne peuvent se sentir fiers qu’en se considérant russes. Or ce n’est pas du tout le cas. Du tout ! Mais Poutine, lui, estime que la Russie a été lésée suite à la chute de l’URSS et il pense être en droit de vouloir restaurer l’empire soviéto-tsariste. Son discours est imprégné de mépris triomphant. Mépris envers l’Occident, et surtout mépris envers ces petits peuples qui ont la chance inouïe de pouvoir devenir russes, et qui la refusent. Comme l’Ukraine.

On se souvient de Margaret Thatcher qui, désirant obtenir le fameux « chèque britannique » de l’Union européenne, s’exclamait : « I want my money back ! » (« Je veux qu’on me rende mon argent ! »). Les ambitions de Poutine vont plus loin. Lui, il s’exlame : « I want my Empire back ! » (« Je veux qu’on me rende mon Empire ! »). Un autre petit détail qu’il oublie : que l’époque a changé et que ce ne sont plus les territoires occupés et/ou colonisés qui décident de la puissance d’un pays. 

 

La télévision russe semble commencer à préparer son opinion publique aux nouvelles étapes de la reconstruction de l’empire. Comme, par exemple, aux éventuelles opérations de déstabilisation des pays baltes, anciennes républiques soviétiques comme l’Ukraine, et abritant également de fortes minorités russes. Il se trouve que la date du « référendum » en Crimée, le 16 mars, coïncide avec l’anniversaire de la création de la Légion lettone de la Waffen SS. Comme les Ukrainiens, les Lettons espéraient à l’époque éviter le joug soviétique en collaborant avec Hitler. Calcul stupide, naïf et contreproductif, mais beaucoup d’habitants des pays incorporés par la force dans l’empire de Staline pensaient que rien ne pouvait être pire, et ils étaient prêts à pactiser même avec le diable pour en sortir. 

La chaîne Rossiya 24 a profité de cette coïncidence pour diffuser un long film documentaire rappelant en détail l’histoire de la Légion lettone et les manifestations organisées chaque année par ses nostalgiques. Manifestations qui se terminent d’habitude par des échauffourées. Ce qui est inquiétant avec la diffusion de ce film, c’est que le cycle de préparation de l’opinion publique russe à l’intervention en Crimée comprenait des films documentaires d’exactement le même type, mais concernant l’Ukraine. Ils accompagnaient une haineuse campagne de propagande qui présentait toute la révolution de Maïdan comme l’œuvre des néo-nazis héritiers de la division ukrainienne de la Waffen SS, et le nouveau gouvernement ukrainien comme dominé par les fascistes. On expliquait alors aux téléspectateurs que la Russie voulait éviter que l’histoire se répète, et qu’elle avait donc le droit de protéger les Russes, où qu’ils se trouvaient, de néo-nazis et de fascistes.

Lors de la campagne médiatique contre l’Ukraine on a bien vu que rien n’était laissé au hasard, que tout avait un rôle précis et une signification. Dans ce contexte, l’apparition d’un film rappelant la collaboration lettone avec les nazis sonne comme un avertissement et presque comme un appel au combat. Après avoir constaté que rien de grave ne lui arrivait suite à l’annexion de fait des deux régions géorgiennes, Vladimir Poutine constate maintenant qu’il n’est toujours pas vraiment inquiété après l’annexion de la Crimée, péninsule toute proche, avec l’Ukraine, de frontières de l’UE et de l’Otan. Et s’il décidait, riche de ces expériences, de vérifier comment se passerait une annexion d’une partie ou de la totalité d’un pays qui appartient carrément à l’Otan et à l’UE, comme la petite Lettonie, Lituanie ou Estonie ? Est-ce que les Américains et les Européens seraient prêts à mourir pour la Lettonie et à risquer pour elle une troisième guerre mondiale ? Pas sûr, n’est-ce pas ? 

L’Occident a le droit de se soucier de ses intérêts économiques et de son bien être. C’est tout à son honneur de vouloir préserver sa prospérité, sa tranquillité, et surtout son système de valeurs. Mais il faut veiller à ne pas aller trop loin et à ne pas devenir ce que Lénine appelait « les idiots utiles », manipulables à volonté et prêts à vendre une corde à celui qui veut les pendre, convaincus que tout revenu était bon à prendre.

Exemple tout frais, apparemment innocent, mais significatif. Un courriel de la part d’un organisme qui s’appelle L’Association Dialogue Franco-Russe, coprésidé par un député et ancien ministre français avec le chef des chemins de fer russes. « L’Association exprime sa profonde inquiétude face à une possible escalade de tensions entre l’Union Européenne et la Russie provoquée par l’introduction de sanctions économiques ». Dans le communiqué, pas un seul mot sur les opérations militaires et politiques russes comme source d’« une possible escalade de tensions entre l’Union Européenne et la Russie » ! Ce serait donc l’UE qui aurait été à l’origine de ces tensions à cause de son intention d’instaurer des sanctions économiques, dont les raisons seraient mystérieuses et incompréhensibles ! L’Association devrait songer à un changement de nom pour « Monologue Russe ». Moscou n’attend de nous que ça.

On peut donc aisément imaginer des commentaires dans certains influents cercles européens s’il fallait décider d’une éventuelle application du principe de solidarité militaire de l’Otan en cas d’une intervention russe en Lettonie, membre de l’Alliance, accueillant sur son sol une forte minorité russophone que Vladimir Poutine aurait certainement aimé protéger de fascistes lettons. Besoin impérieux qu’éprouvait en son temps Adolf Hitler par rapport aux Allemands des Sudètes, avec les conséquences que nous connaissons. Au retour des délégations anglaise et française de Munich en 1938, Winston Churchill a eu ce fameux commentaire prémonitoire : « Ils avaient le choix entre la guerre et le déshonneur. Ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre aussi ». Et ils ont eu les deux, en effet. 

Déshonneur des Alliés avant la guerre, humiliation des Allemands après. Cette humiliation a obligé les Allemands à faire un vrai examen de conscience et à repenser profondément leur place dans le monde. Ils ont compris qu’on pouvait gagner une place tout à fait honorable en remplaçant les conquêtes territoriales et les idéologies dominatrices par l’efficacité de travail, par la coopération et les échanges avec les autres, par la liberté économique et politique, et finalement par une protection très déterminée de la prospérité et de la paix qui en résultent.

La Russie soviétique, elle, rappelons-nous, a commencé la guerre aux côtés de l’Allemagne nazie, en partageant les territoires conquis avec elle selon le pacte Ribbentrop-Molotov, conclu en août 1939. Mais Staline a été trahi par Hitler et a finalement dû s’allier avec l’Occident et chercher son aide financière et industrielle afin de pouvoir contrer l’agression allemande. Certes, l’Occident y avait intérêt aussi, car l’ouverture d’un deuxième front efficace à l’est avait pour lui une importance vitale. Mais cette alliance-là a surtout permis à Moscou de faire oublier l’alliance initiale et de sortir de la guerre parmi les vainqueurs. Contrairement à l’Allemagne totalitaire et impérialiste, la Russie totalitaire et impérialiste n’a donc pas vécu cette humiliation salvatrice qui aurait permis à ses habitants de réviser leur vision du monde, leur vision d’eux-mêmes, et leurs rapports avec les autres. Rien ne les a obligés à changer quoi que ce soit dans leur mentalité. Bien au contraire, tout semblait confirmer qu’il ne fallait surtout rien changer, car les résultats obtenus par l’empire étaient excellents, et les Russes se croyaient sauveurs du monde. C’est pourquoi la chute de l’URSS a été mal vécue par beaucoup de Russes, Poutine en tête. Ils ne comprenaient pas la nouvelle époque qui s’ouvrait et ils se sentaient mal à l’aise dans un contexte mondialisé, très exigeant et très concurrentiel. Une proposition politique de Poutine qui consiste à revenir en arrière et à retrouver le contexte qu’ils comprenaient et acceptaient suscite donc pas mal d’authentique enthousiasme. Et ceux qui s’y opposent de toutes leurs forces et risquent de faire capoter ce projet, comme les Ukrainiens, suscitent pas mal d’authentique haine, déchaînée et exploitée par l’appareil de propagande.

L’Occident se retrouve donc face à des questionnements stratégiques. Laissons-nous la Russie poutinienne reconquérir l’ancien empire, changer les règles et pousser ses pions, ou sommes-nous vraiment déterminés à stopper net ses folles ambitions et ses agissements haineux et agressifs avant qu’il ne soit trop tard ? Sommes-nous prêts et déterminés à sécuriser nos intérêts et notre avenir en avançant nos propres pions et en faisant vraiment respecter les lignes rouges ? Sommes-nous capables de convaincre les Russes par nos réactions qu’ils vont droit dans le mur et que des actions animées par la nostalgie et par l’incompréhension du monde du 21ème siècle desservent leurs propres intérêts à long terme ?

Certes, face à Poutine, l’Occident peut éprouver cette bizarre impression de se retrouver, tel couple de parents, confronté à un enfant devenu brusquement agité, imprévisible et irresponsable, que l’on aimerait calmer et raisonner, mais on ne sait pas trop comment, tellement la situation est nouvelle et inattendue. Mais, dans cette histoire, il ne s’agit pas d’un simple problème pédagogique. Sans vouloir trop verser dans le pathétique, il s’agit quand même de notre avenir et de celui de nos enfants. Il s’agit de leur transmettre un monde plutôt rassurant, raisonnable et répondant aux règles claires et communément acceptées. Poutine dans sa version actuelle ne rend pas la tâche facile. 

 

Photos: webforjetset.com, kompol.org, balkans.blog.lemonde.fr, france.eternelle.over-blog.fr, nationalsocialradical.freeforums.org, fonjallaz.net, celebquote.com, tlaxcala-int.org

8 Comments

@borntomakelovenotwar: En parlant de cet prétendu « impérialisme occidental, » vous passez à côté de la question la plus importante traitée par cet article : que la Russie a violé la souveraineté d'un état indépendant en envoyant ses soldats à la Crimée. Cette action audacieuse n'est-elle pas la définition même de cet impérialisme dont vous détestez tant? Sans oublier les menaces prononcées contre l'Estonie et la Lettonie par Moscou? Si tous ces pays ont choisi la démocratie et les libertés individuelles au lieu de s'allier avec la politique de regression promue par leur voisin à l'est, ce n'est pas l'impérialisme occidental qui les a forcés à le faire. Tous les états souverains du monde doivent avoir le pouvoir de déterminer leur propre destin et de ne pas être forcés à adopter la politique d'un voisin, aussi grand et puissant que ce voisin peut être.

Pire propagande, pourrie comme son auteur. L'Occident doit cesser son invasion du Monde. Beaucoup s'inclinent devant l'Occident, non pas par amour mais juste par peur. Sinon rien de bien vient des USA + Occident, c'est juste la colonisation européenne qui continue : de nouvelles terres, de nouvelles matières premières, de nouveaux marchés, de nouveaux esclaves. Nous sommes fatigués des USA. Si la Russie et la Chine peuvent changer la donne et stopper net cet impérialisme : mille merci, merci à Poutine.

@Jerome: Merci pour votre analyse juste et précise. J'y souscris complètement. Je partage aussi avec vous l'affection pour le peuple russe (ce qui est d'autant plus facile que j'ai moi-même un quart de sang russe dans mes veines) et l'inquiétude de le voir partir dans une sorte d'isolation carrément paranoïaque, très néfaste pour les perspectives de son développement et de son bien-être à long terme, dans un monde qui change extrêmement vite et qui exige une certaine souplesse, beaucoup de capacités d'adaptation et une vraie aptitude à coopérer avec les autres. En schématisant grossièrement, on pourrait dire que dans l'immédiat il faut résolument aider les Ukrainiens qui savent très bien ce qu'ils veulent à long terme et font tout pour l'obtenir, donc ils ont toutes les chances de se débrouiller, A long terme, ce sont les Russes qui ont besoin d'aide. Le problème, c'est qu'ils attendent d'être aidés d'une manière radicalement différente de celle qui pourrait leur être réellement utile, et de celle que le monde du 21e siècle pourrait leur offrir. Vot, tragiédiïa (en russe, "Et voilà, la tragédie")...

Merci pour cet article, evidemment a charge contre Poutine, mais clair et sans langue de bois. Il y a un veritable fosse entre non-russes et nombre de russes auquels j'ai eu la chance de parler qui considerent tout a fait normal de reprendre des territoires peuples de russes (peu importe ce que ceux-ci pensent). Ils sont fiers de Poutine et passent leurs temps a critiquer "l'Occident" (comme si cela existait veritablement) mais font totalement l'impasse sur l'hypocrisie historique et rethorique justifiant la politique des dirigeants russes. La seule veritable arme qu'ils ont (demontree par les commentaires precedents) est la suivante: oui mais les autres sont mechants, specialement les USA.
Exit la deportation des tatares apres la seconde guerre mondiale et la colonisation russe de la Crimee. Exit la famine imposee au people ukrainien et la colonisation de l'Est de l'Ukraine, ainsi que la russification forcee du pays sous la dictature. Exit le respect et la comprehension de la souffrance des ukrainiens face a l'histoire et le gangsterisme incroyable de l'administration Yanukovich. "Oui mais les autres ne sont pas des saints non plus" entend-on. Incroyablement faible pour justifier l'existence d'un regime corrompu, cree et soutenu par les dirigeants russes.
La Russie, contrairement aux autres empires coloniaux n'a jamais fait face a son histoire et accepte sa responsabilite, arguant que les russes ont souffert egalement sous Staline. Oui effectivement, mais cela ne justifie pas d'exporter un modele post-soviet corrompu en exigeant complete allegiance a la Mere Russie. Nous sommes au 21e siècle, pas au 19e.
Lors de mon dernier sejour au Kazakhstan (25% de russes), lorsque j'ai fait remarquer que la Crimee etait historiquement tatare, on m'a repondu: "certains peuples n'on pas le droit de choisir et c'est mieux ainsi". Incroyable! Quand je faisais remarquer qu'alors en Lettonie et en Estonie, il dervait en etre de meme pour le population russe on me repond "ah mes c'est different! Ces populations russes sont opprimes par des fascistes". Combien de fois n'ai-je pas entendu dire au sujet des anciennes republiques sovietique d'Asie Centrale: "De toute facon ce sont des sauvages, ils devraient nous remercier de les avoir coloniser, sans nous ils ne seraient rien."
L'incroyable propagande de la television russe (FOX News paraitrait presque serieux a cote) forge l'avis de nombre de gens, et il est etonnant de voir a quel point la nostalgie du colonialisme russe est forte. La notion d'avoir une influence via des relations de respect mutuel est totalement absente du discours a la fois des elites et des gens normaux. C'est un resultat de l'histoire tragique de la Russie ces 100 dernieres annees. Cela n'en excuse pas pour autant les comportements actuels, empreints de racism et de condescendence.
J'ai beaucoup de mal a voir les ukrainiens etre decrits comme des fascistes et Bandera etre erige en vilain mechant Nazi quant on connait les problemes de racisme en Russie et le fait fait que historiquement, la Russie s'etait allie avec l'Allemagne nazie. Si Hitler n'avait pas eu la folie de se retourner contre son allie, alors l'Europe serait aujourd'hui probablement bien differente...Combien de fois ai-je entendu en Russie des atrocities a propos des georgiens, moldaves, uzbeks, tajiks, kyrgyzs?
J'ai beau tenter d'expliquer que la Russie perdra enormement d'influence a cause de sa politique aggressive envers ses voisins. Le message est tres rarement compris... Au lieu d'utiliser l'histoire commune et la langue russe de maniere intelligente et respectueuse, on voit aujourd'hui tous les pays: Uzbekistan, Kyrgyzstan, Georgie, Azerbaidjan, les anciens satellites europeens, etc... se detourner de la langue russe au profit de l'anglais. Les jeunes generations ne sont pas dupes et au moindre moment ou elles auront l'opportunite politique de se separer de l'entreinte etouffante de la Russie, elles n'hesiteront pas une seconde.
L'histoire est en marche. Peu importe si la Russie gagne quelque milliers de km2 de territoires, elle perdra la bataille sur le long terme jusqu'a ce qu'elle se democratise enfin. Puis elle devra faire comme toutes les autres anciennes puissances colonials: s'excuser et faire profil bas pour repartir sur de bonnes bases. Dur pour l'ego... mais necessaire!
En tout cas je souhaite la bonne chance au people russe, pour lequel j'ai beaucoup d'affection et espere qu'il rentrera enfin pleinement dans le 21eme siècle et laissera enfin l'heritage sovietique derriere.
PS: pardon pour l'orthographe et les accents mais je n'ai pas de clavier francais!

@Frere: Merci beaucoup de vos remarques et de vos questions. Je pense qu'elles illustrent bien au moins deux raisons de l'incompréhension de réactions occidentales du côté russe. Car, contrairement à vos suppositions, les Occidentaux ne tiennent pas à ce que la Crimée reste ukrainienne parce qu'ils veulent y "récupérer" quelque chose. Ils le font car ils estiment que la Constitution d'un Etat souverain, les accords bilatéraux et multilatéraux concernant son intégrité territoriale, et le droit international en général ont été violés par la Russie. Or ils attendaient de celle-ci, en tant que grande puissance, une responsabilité particulière, partagée avec les autres grandes puissances, par rapport à la préservation d'un fragile ordre mondial obtenu après la fin de la guerre froide. Or la Russie vient de bafouer toutes les règles fondamentales de cet ordre, voulant manifestement les changer. On peut dire qu'elle a le droit de vouloir les changer si elles ne lui conviennent pas. OK. Mais, d'un côté, la méthode choisie ne semble pas très heureuse, car elle fait que tous les autres n'ont pas d'autre choix que d'isoler la Russie, en tant que partenaire peu crédible et imprévisible. De l'autre, rien n'oblige les partenaires de la Russie d'accepter les règles qu'elle n'essaie même pas de négocier, mais tente de les imposer à coups de kalachnikov et de faits accomplis. Enfin, vous dites allègrement que Poutine "récupère son empire" comme si c'était évident, naturel et moralement acceptable. Or il n'en est rien. L'époque où on pouvait "récupérer" comme ça des peuples ou des pays entiers à cause de sa nostalgie, de sa folie de grandeur ou tout bêtement de sa force militaire est révolue depuis longtemps. Remarquez que les puissances occidentales se sont toutes séparées de leurs empires, non sans douleur, et il n'est pas question qu'elles acceptent un retour aux règles impérialo-coloniales. Le monde a changé et les règles de son fonctionnement aussi. Dans ce contexte, le comportement et les arguments russes à propos de l'Ukraine paraissent particulièrement rétrogrades, complètement inadaptés au monde contemporain.
Quant au deuxième problème que vous soulevez, la question n'est pas de savoir si les Occidentaux sont "parfaits". Ils ne le sont pas et ils ne l'ont jamais prétendu. Personne n'est parfait, mais tout le monde est perfectible, la Russie aussi. La vraie question est de savoir qui a raison dans ce conflit et pourquoi. Personnellement, j'ai tendance à penser que se sont les Ukrainiens qui voulaient abolir un système corrompu et inefficace, et en retour ils subissent une guerre de propagande à la Goebbels qui - ironie du sort - tente de les présenter comme "fascistes" voire "nazis", alors qu'ils en sont très loin. Pire, ils subissent pratiquement déjà une guerre tout court, alors que vous savez très bien qu'en cas d'un conflit armé ouvert avec la Russie leur armée risquerait d'être écrasée, car elle est beaucoup moins nombreuse et beaucoup moins bien équipée que l'armée russe. S'ils s'obstinent à résister malgré tout, c'est justement parce qu'ils savent qu'ils ont raison sur le fond et qu'ils entendent défendre leurs droits légitimes, même face à un risque absolument gigantesque. Ce qui inspire quand même beaucoup de respect.

Nous ne savons pas pourquoi les occidentaux eux aussi reclament le crimee, ils avancent de quelles idees? car poutine recupere son empire et la population russe les autres veulent recuperer quoi en crimee. l.autre question ce journaliste defend tellement les occidentaux est -ce qu'ils sont parfaits? ou ils veulent un autre guerre pour collecter beaucoup de sang anfin de bien realiser leur plan mondiale on vous connait vous mentez dans vos journaux oh c'est honteux pour vous

Je m'incline devant votre infinie sagesse, will. Toutefois, quand on reproche à quelqu'un d'être un stupide propagandiste, on a certainement des choses particulièrement objectives et intelligentes à dire. J'attends donc avec une sincère impatience que vous cessiez de nous les cacher.

C'est vraiment drolle de lire ce genre de stupidites. Essayer a trouver une piece non propagandist anti Poutine dans le press occidentale. Il n'en y a un. 100% propaganda Poutine=Hitler. Aucun criticism de revolutioniers Ukraniet. Ils sont tous les saints. Occidentaux il faut se regarder dans les mirroirs! Qui sont appri les propaganda Russie de faire les ennemies! Souvienez vous Yugalavie?