Morts pour l'Europe

En parcourant la France, on se retrouve souvent face aux monuments ou plaques commémoratives avec des listes de noms assortis de l’inscription « Morts pour la France ».

Respectueux, nous leur rendons hommage en pensant qu’ils ne sont pas morts pour rien. En effet, grâce à leur sacrifice nous pouvons vivre dans un pays paisible et prospère, sans même songer à une possibilité d’une guerre dans notre environnement immédiat.

Or, il faudra sans doute bientôt commencer à ériger des monuments d’une nouvelle génération, ornés de l’inscription « Morts pour l’Europe ». Certes, peu de citoyens européens seraient prêts à se faire tuer pour l’Europe. Ici, on rêve plutôt d’une Europe qui nous donne tout, mais qui ne nous prend rien. Et on s’énerve de cette Europe qui mesure nos concombres, qui nous envoie des plombiers étrangers et qui paie ses bureaucrates avec notre argent.

Les premiers morts pour l’Europe viennent de tomber hors de ses frontières. En tout cas, hors de frontières de l’Union européenne. Il s’agit de : 

-      

    Serhiy Nikogan, un poète de 20 ans d’origine arménienne, 

-      

     Mikhaïl Zhyznievski, un Biélorusse de 26 ans,

-      

     Youri Verbytski, un Ukrainien de Kiev, 

     Roman Senik, un Ukrainien de la région de Lviv.

Retenons leurs noms. Ils sont tous morts parce qu’ils voulaient rejoindre l’Europe communautaire. Ils participaient à un mouvement de protestation contre la suspension par le gouvernement ukrainien de la signature de l’accord d’association avec l’Union européenne. Il y a donc des pays où on rêve tellement d’Europe qu’on est prêt à mourir quand quelqu’un essaie de briser ce rêve.

Certes, l’UE n’est pas parfaite. Certes, les Européens ont raison quand ils réclament qu’elle soit améliorée. Mais ils oublient un peu trop facilement qu’ils ont quand même beaucoup de raisons d’être fiers de ce qu’ils ont construit. Et surtout, ils oublient trop facilement qu’ils se trouvent dans une situation très privilégiée par rapport à beaucoup d’autres, qui rêvent de pouvoir les rejoindre, même en risquant leur vie.

Serhiy Nikogan, Mikhaïl Zhyznievski, Roman Senik, Youri Verbytski. Morts pour l’Europe. Morts pour un rêve d’être un jour associés à l’Union. A quand une plaque commémorative à Bruxelles ? 

 

Photos: armenews.com, zenobiuszjuz.wordpress.com, pl-pl.facebook.com